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À l’automne dernier, les prédictions en matière de crise énergétique étaient des plus alarmistes. Entre la guerre en Ukraine, la hausse de la consommation liée à la relance économique et le dérèglement climatique, les indicateurs économiques se montraient particulièrement pessimistes et nombreux médias ont décrit la situation par la célèbre formule « Winter is coming », en écho à la célèbre série américaine. Quelques mois après ces annonces, quel premier bilan peut-on tirer de cette crise énergétique pour les industries françaises ?
Les enjeux de la crise énergétique pour l’industrie
Petit retour en arrière. Lorsqu’éclate la guerre en Ukraine, la Russie décide de faire du gaz un objet de chantage, entraînant des risques de pénurie dans toute l’Europe et une envolée considérable des prix de l’énergie. Lorsqu’Elisabeth Borne présente, le 6 octobre dernier, le plan de sobriété énergétique, l’objectif est de réduire la consommation d’énergie des entreprises de 10% en deux ans. Pour nombre d’industries, c’est la panique. La cristallerie Arc, leader mondial des arts de la table, a ainsi mis au chômage partiel 1600 salariés sur ses 4600, encourageant les salariés restants à travailler lors des heures creuses, où le prix de l’énergie est moindre. En cause, l’augmentation des coûts de production : en un an, la facture de gaz du groupe est passée de 19 millions d’euros à 75 millions d’euros.
Une production industrielle qui résiste
Les dernières tendances de la production industrielle contredisent les prévisions les plus alarmistes. Selon le dernier rapport de l’INSEE, la production industrielle a progressé en France de 1,1% en décembre après une hausse de 2% en novembre. Qu’en est-il des industries les plus énergivores ? Selon le rapport de l’INSEE Consommation d’énergie dans l’industrie , ces industries sont l’industrie chimique, la métallurgie et fabrication de produits métalliques, suivies par l’industrie agroalimentaire, l’industrie du caoutchouc et les industries du vêtement. Comme les prévisions l’annonçaient, la production a baissé dans ces secteurs mais ce recul demeure relativement contenu. La production de l’industrie chimique a ainsi chuté de 8% au quatrième trimestre de l’année 2022, celle de l’industrie métallurgique de 5%. Baisse raisonnable, au regard des prévisions alarmistes, permettant aux industriels français de reprendre leur souffle.
Comment expliquer ce maintien de la production industrielle ? Ce dynamisme du secteur industriel s’explique, tout d’abord, par la baisse des prix de l’électricité liée à trois facteurs principaux : la baisse de la demande grâce à la clémence des températures de cet hiver, l’impact des efforts de réduction. Ce maintien à flots des industries françaises s’explique également par des subventions gouvernementales records qui pallient, pour les industries les plus énergivores, la hausse des coûts de production.
Des subventions pour faire face à la crise énergétique
350 milliards d’euros. C’est le montant alloué en Europe, à la réduction des factures d’énergie. L’enjeu est, pour les différents gouvernements européens, d’accompagner la hausse des prix de l’énergie en permettant aux entreprises de continuer à produire et de rester compétitives sur le marché international. Ces subventions se manifestent, en France, sous la forme de l’aide « gaz électricité ». Pour l’obtenir, les entreprises doivent remplir les conditions suivantes : que les dépenses d’énergie sur les périodes demandées « représentent plus de 3% [du] chiffre d’affaires 2021″, et que l’entreprise ait « subi une augmentation d’au moins 50% du prix de l’énergie pendant la période de demande d’aide, par rapport au prix moyen payé en 2021 ». Ces montants considérables ont ainsi permis aux industries européennes de sortir la tête de l’eau et de maintenir une production similaire aux trimestres précédant la crise énergétique.
L’enjeu est également, pour les industries européennes, de demeurer compétitives sur le marché international. La dérive des prix de l’énergie étant plus importante en Europe qu’outre-Atlantique, la hausse des coûts de production peut entraîner « une perte de compétitivité par rapport à l’industrie américaine et chinoise qui ne subit pas cette flambée » souligne François Geerolf, économiste à l’OFCE. Derrière ces subventions colossales se cachent donc également des intérêts stratégiques : œuvrer pour la bonne santé et le rayonnement des industries européennes sur la scène internationale.